Entre les vivants et les morts : les pompes funèbres aux portes du marché
Trompette P., Boissin O. (2000), « Entre les vivants et les morts : les pompes funèbres aux portes du marché« , Sociologie du travail, vol. 42, n°3, pp. 483-504.
Comment se constitue un marché au sens classique du système organisé de mise en relation d’une offre et d’une demande ne se connaissant ni d’Eve ni d’Adam pour échanger un bien ou un service contre de l’argent ? Sachant les efforts déployés par les spécialistes du marketing pour susciter de nouveaux « besoins » que les produits qu’ils doivent écouler viennent comme par hasard satisfaire, on se doute déjà que l’offre et la demande ne sont pas les fruits d’une génération spontanée. Mais avant même de parler de besoins créés de toutes pièces, il en est de tout naturels. La question qui se pose alors est celle du processus par lequel la satisfaction de ces besoins va finalement être assurée dans le cadre d’une relation marchande à l’exception de tout autre, comme par exemple celui des solidarités familiales – on parlera de marchandisation. Dans cet article, Pascale Trompette et Olivier Boissin cherchent à nous éclairer sur ce qui se joue dans ce moment en prenant comme point de départ l’ouverture officielle à la concurrence du funéraire, ou quand il devient nécessaire de parler du prix à payer pour faire disparaître nos cadavres.
Une féminisation sur fond de segmentation professionnelle genrée : le cas des policières en commissariat
Boussard V., Loriol M., Caroly S. (2007), « Une féminisation sur fond de segmentation professionnelle genrée : le cas des policières en commissariat« , Sociologies pratiques, n°14, pp. 75-88.
A en croire les hommes comme les femmes qui y travaillent, la gente féminine se serait faite sa place dans la Police. « Circulez, il n’y a rien à voir » voudrait-on opposer aux sociologues que la question de l’égalité professionnelle entre hommes et femmes intrigue, travaillés qu’ils sont par cette idée que le sexe biologique prendrait une signification sociale différente selon le contexte qu’on considère : on ne serait pas femme pareillement ici et là. Partant, que peut signifier l’affirmation selon laquelle les hommes et les femmes seraient traités également ? On saisit bien l’égalité, mais quels en sont les membres ? Impossible de le comprendre sans s’immerger dans le contexte où est formulée la proposition pour y observer ce que c’est que d’y être un homme ou une femme exactement. Pour cette raison, Valérie Boussard, Marc Loriol et Sandrine Coraly ont étudié la situation des policiers dans quatre commissariats, portant leur attention sur le quotidien et sur les trajectoires professionnelles.
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Pourquoi l’âge est-il en France le premier facteur de discrimination dans l’emploi ?
Guillemard A.-M. (2007), « Pourquoi l’âge est-il en France le premier facteur de discrimination dans l’emploi ?« , Retraite et société, n°51, pp. 11-25.
Invités par l’article 11 de la loi portant réforme des retraites du 21 août 2003 à négocier sur l’emploi des seniors, les partenaires sociaux concluent leurs discussions par l’ANI du 13 octobre 2005 (Accord National Interprofessionnel) « relatif à l’emploi des seniors en vue de promouvoir leur maintien et leur retour à l’emploi », signé le 9 mars 2006 par toutes les organisations disposant d’une présomption irréfragable de représentativité, exception faite de la CGT et de la CGT-FO. Dans son plan national d’action concerté pour l’emploi des seniors du 6 juin 2006, le gouvernement reprend l’idée développée dans l’ANI d' »un contrat à durée déterminée d’une durée maximum de 18 mois, renouvelable une fois, pour les personnes de plus de 57 ans en recherche d’emploi depuis plus de 3 mois ou bénéficiaire d’une convention de reclassement personnalisé ». Ainsi conçu, le CDD senior entre en vigueur par décret le 28 août 2006. Dans l’esprit de ses promoteurs, ce nouveau contrat fait partie d’une panoplie d’outils qui doit permettre d’atteindre l’objectif du taux d’emploi des personnes âgées de 55 à 64 ans de 50 % en 2010 fixé par les membres de l’Union lors du Conseil européen de Stockholm des 23 et 24 mars 20011. Un an plus tard, le 22 octobre 2007, le ministre de l’emploi de la nouvelle majorité annonce que seulement 20 CDD seniors ont été signés, pour en conclure que l’Etat doit reprendre en main un dossier que les partenaires sociaux n’ont pas été capables de traiter. Mais qu’est-ce qui bloque au juste en matière d’emploi des seniors ? Pour Anne-Marie Guillemard, l’explication est à rechercher dans l’effet pervers des politiques publiques ciblant des catégories d’âge.
Du souci scolaire au sérieux managérial, ou comment on devient un « HEC »
Abraham Y.-M. (2007), « Du souci scolaire au sérieux managérial, ou comment on devient un ‘HEC’« , Revue française de sociologie, vol. 48, n°1, pp. 37-66.
La vocation du système scolaire serait d’offrir à chacun la possibilité d’accéder aux plus hautes positions sociales sur la seule base de son mérite académique, c’est-à-dire indépendamment de ses origines ethniques et sociales. Dans cet esprit, le concours apparaît comme le moyen par lequel la méritocratie s’assure qu’aucune tête ne dépasse plus qu’une autre, sauf par son volume. Hormis que « rien, ni dans l’expérience, ni dans la nature des choses ne peut donner la certitude que les qualités intellectuelles de l’adulte seront celles de l’homme fait », comme le précisait Balzac dans une critique du principe du concours, il est possible de s’interroger sur ce projet propre à entretenir chez les élites le sentiment qu’elles se sont faites toutes seules. Prenant pour exemple HEC, Pierre-Yves Abraham vient compléter les analyses de Pierre Bourdieu sur ce point en montrant combien les origines sociales continuent de peser sur les étudiants après leur sélection.
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